Nosferatu.com
Le found fountage,
depuis quelques années, a le vent en poupe. Très prisé des amateurs de cinéma d’épouvante,
il ajoute un soupçon de véracité aux intrigues qui nous sont contées en les
inscrivant dans une réalité palpable. Malheureusement, ce procédé génère les
défauts de ses qualités et certains griefs lui sont généralement adressés :
images saccadées voire floues, pénombre frustrante, montage elliptique, plans
fixes sur un décor où il ne se passe rien, attente interminable d’une action …
Des écueils qu’évite Nosferatu.com, le film de Julien Dève. Des chasseurs de
monstres réunis autour d’un blogueur, Jérémy (Anthony Lefebvre) visitent et
investissent une immense usine désaffectée où un homme aurait disparu quelques
jours plus tôt. Jérémy ne croit pas la version officielle des autorités et
subodore que des créatures surnaturelles, pourquoi pas des vampires, s’avèrent
les responsables de sa disparition. La fine équipe (trois binômes investiguant
chacun une partie des lieux) se montre au départ dubitative quant aux
intuitions du blogueur. Les blagues fusent sanctionnées de rires gras.
Pourtant, bientôt, la nature des lieux fait son effet sur ces surnatural busters du cru. La découverte
d’une pièce malodorante remplie d’inscriptions cabalistiques, peinturlurée de
pentagrammes semblent abonder dans le sens de Jeremy. Les bruits se font plus
mystérieux et inquiétants… Et tout s’accélère…
Je ne vais évidemment pas raconter tout ce qu’il
se passe jusqu’au dénouement prophétique (le dernier plan après le générique)
mais l’amateur de Fantastique en aura pour sa maille car bien évidemment, cette
ancienne laiterie est truffée de créatures vampiriques, conjuguant férocité et
appétit vorace. Pour couronner le tout, dans le même temps, se tourne une
émission de téléréalité, sorte de L’amour
est dans le pré version hardcore où un homme et une femme (chabadabada) se
rencontrent dans des conditions extrêmes. En l’occurrence, ils doivent passer
la nuit dans l’usine désaffectée, filmés par une caméra indiscrète et en
supportant les commentaires d’une présentatrice un brin godiche, le genre à
sourire face caméra et faire du pâté de groin une fois le tournage stoppé. Ce ne sera pas l’amour au rendez-vous mais
plutôt la mort…
Produit par l’usine
à films, Nosferatu.com recèle de beaux effets spéciaux : les vampires ont
un aspect effrayant accentué par le principe du « found footage ».
Les auteurs n’ont pas lésiné sur quelques séquences gore : le policier tué
ou quelques morsures. Nous devinons aisément que les moyens étaient limités
(une campagne de crowdfounding fut d’ailleurs dédiée à cette production) mais
les auteurs font tout pour que le film fonctionne : le décor de cette
usine ressemble à un dédale sans fin de pièces délabrées, la figuration est
importante. Souvent dans les productions amatrices ou semi-professionnelles, là
où le bât blesse c’est au niveau de l’interprétation. Ici ce n’est pas le cas,
nous sentons que les gens impliqués sur le film l’ont pris au sérieux et le
long métrage (69 minutes) ne souffre pas de ce défaut inhérent à ce type de
productions.
Au final, le film
est porteur de promesses. J’aspire à découvrir les prochaines productions de l’usine
à films et voir ce que Julien Dève pourrait mettre en scène avec davantage de
moyens. Pour les aider et passer un bon moment, vous pouvez d’ores et déjà
commander le DVD du film (avec un court métrage, amorce de ce long et un making off) disponible sur le
shop de l’usine à films.
Nosferatu.com
mérite d’être découvert : bel exemple de found footage maitrisé adapté à
son sujet (le vampirisme) et belle preuve de la vitalité d’une jeune génération
de réalisateurs qui ne demande qu’à s’exprimer.
Didier Lefèvre
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